La photographie de la Faune sur la base en ligne Faune France : constitution d'une « donnée brute »
Florian Charvolin  1, *@  , Hannelore Girardot-Pennors  2, *@  
1 : Centre Max Weber Lyon  -  Site web
CNRS : UMR5283
2 : Centre Max Weber  (CMW)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5283, École Normale Supérieure - Lyon, Université Lumière - Lyon 2, Université Jean Monnet [Saint-Etienne]
* : Auteur correspondant

Nous proposons une étude de ce que le post sur une galerie de photos de la Faune sur internet révèle de comportements photographiques des contributeurs à la base de données en ligne « Faune France » et de leur sélection des images dignes de figurer dans la galerie.

La galerie Faune France est une galerie photo de plusieurs millions d'épreuves de la faune française, tous taxons confondus, ouverte au plus grand nombre avec peu de restrictions à l'affichage des photos envoyées par les internautes (sauf photos porno, tracts politiques, photos de personnes qui sont systématiquement écartées ...). La galerie est donc réputée être un témoignage assez fidèle de la diversité des esthétiques, des techniques de prise de vue, des objectivités, etc., de ceux et celles qui postent.

On ne discutera pas dans cette communication, de l'utilisation de la galerie dans le système de validation des signalements par des valideurs de la base Faune France. On ne s'intéressera pas non plus au procédé technique de la mise en galerie des photos, et ses ratés éventuels. On n'a enfin pas les moyens de saisir les évolutions de ce qui est posté sur longue période. La base est ouverte depuis mi 2017.

On prend la galerie de photos telle qu'elle existe sur le net à un instant t. On s'intéressera à la manière dont est raisonné par le photographe, cette capacité qu'a la photographie à être considérée comme donnée brute de ce qui a été vu. On fera l'hypothèse suivante : la photo permet le réexamen, après coup, d'un visuel qui prend ainsi le statut de trace objective à laquelle se référer lorsque la photo est postée sur internet. Ce statut d'antériorité, qui fait du visuel une « photo d'après nature » est agencé dans la galerie par un montage de la photographie comme preuve et attestation de ce qui a été observé. Il répond à ce que Daston et Galison appellent une objectivité mécanique. On déclinera les différents types de photo que l'on trouve sur la galerie du point de vue du re-travail ou pas de l'épreuve pour la faire paraître sur le site de Faune France.

Notre enquête en cours auprès d'une sélection de 20 internautes posteurs sur Faune France permettra de préciser notre hypothèse d'une relative indifférence des photographes à leur acte photographique in situ (et son caractère construit, intentionnel, et répétitif), au profit de la considération que la photo est une donnée de l'enquête, une raw data, une donnée brute. Ce tour de passe passe fait passer ce qui est un aboutissement, pour ce qui est le point de départ de l'interprétation, du jugement sur ce qui est affichable sur Faune France, et finalement de l'activité de validation de l'ainsi nommée « donnée ». Avec le numérique comme outil de prise de vue et infrastructure en réseau sur internet, la distance entre prise de vue et diffusion se réduit, à tel point que les deux stades peuvent se confondre (cas de l'application NaturaList par exemple), ce qui introduit une interversion entre produit fini et donnée originelle. Cela accroit la force probatoire de l'image et peut inciter à des modes de prise vue qui privilégient non pas la photo posée, esthétique etc. mais plutôt la photo instantanée prise sur le vif, voire non retravaillée.


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